jeudi 29 janvier 2015

Le courage de la Vérité

Intervention de Luc Trouiller, sur le budget primitif 2015 lors du Conseil Municipal de Romans sur Isère lundi 26 janvier 2015.

Chers Romanaises, chers Romanais, chers collegues

Lors des dernières élections municipales, vos suffrages se sont portés sur la liste « Romans gagnant ».
J’ai défendu avec conviction, vigueur et loyauté les valeurs et projets portés par cette liste. Nous voulions changer Romans, réformer la politique municipale et embellir votre quotidien.
Maintenant, il ne se passe pas un Conseil Municipal sans que la population manifeste.
Mon engagement politique remonte à de nombreuses années.

Homme de valeurs et d’engagements, je me suis toujours efforcé de servir au mieux votre intérêt, d’être à votre écoute et de vous aider. Mon action est mue par trois principes indéfectibles : l’écoute, l’honnêteté et l’intégrité. Humaniste convaincu. L’abnégation pour le bien commun et l’intérêt général m’a toujours porté.

Depuis plusieurs mois, je suis la victime de violentes attaques de la part de la municipalité actuelle. Une campagne de déstabilisation est dirigée contre moi, destinée à me souiller et à m’empêcher de conduire dans la sérénité les projets pour lesquels vous m’avez élu.

Dans ce contexte j ai rendu mes délégations au « Devoir de Mémoire » et à la « Démocratie Participative ».

Je ne me reconnais pas dans la manière dont est conduite la ville par Madame le Maire. Je ne souhaite plus être associé à ses dérives autoritaires et populistes. Je considère que la situation est grave car les Romanais sont en train de se faire voler leur élection.

J ai repris ma liberté. Cette liberté c’est celle de continuer à siéger au Conseil municipal ainsi qu’au Conseil Communautaire de Valence Romans Sud Rhône-Alpes et de porter ainsi votre voix, c’est celle de ne plus me soumettre à des dérives autocratiques et tyranniques, c’est celle de faire triompher l’intégrité contre les manigances politiciennes. Cette liberté, c’est le courage.

Je n’abandonnerai pas, je ne baisserai pas la garde et continuerai à défendre ce en quoi je crois et ce pour quoi vous m’avez fait confiance.
Je servirai ma ville et les Romanais différemment et en adéquation avec mes valeurs humanistes.
De fait, je ne voterai pas le budget 

Je conclurai par cette pensée de Jean Jaurès, « le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ».

Luc Trouiller
Conseiller municipal

Vente du patrimoine : UN'VEST A ROMANS 28/01

La MNE et les berges de l'sère ne sont pas à vendre
elles appartiendront toujours aux romanais.



Cliquez ci dessous pour plus d'infos :
Live Report INVEST à Romans 28/01 

mardi 27 janvier 2015

L'après Charlie n'aura pas lieu à Romans



Lettre ouverte aux Elus et Citoyens

La question du lien social est redevenue centrale. Les faits récents qui ont touché notre pays ont rappelé tant son importance que sa complexité face à l'isolement et au repli sur soi, avec toutes les dérives que l'on connait. 


Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l'Éducation, l'annonce : « Je compte sur l'intervention de l'éducation populaire dans les territoires les plus fragiles pour porter et transmettre les valeurs de la République ». Et elle propose : « Les projets éducatifs territoriaux (PEDT) auront désormais un volet laïcité et citoyenneté » (22 Janvier 2015). Ce volet sera financé par un fonds d'État de 10 millions d'euros dédié, à destination des associations de jeunesse et d'éducation populaire. Par ailleurs l'Association des Maires de France (AMF) et son président François Baroin renchérissent : « L’AMF s’engage à prendre toute sa part dans la mise en œuvre auprès des enfants et des jeunes des actions nécessaires au respect des valeurs républicaines ». L’AMF a rappelé « le rôle qu’ont les communes et les intercommunalités dans la prise en charge des enfants et l’accompagnement des jeunes en complément des temps scolaires. » (15 Janvier 2015)


Il s'agit d'une cause nationale. Toutes les actions, toutes les initiatives contribuant à resserrer ce lien social, à faire que les générations, les confessions, les genres, se rencontrent, se parlent, apprennent à se connaître et à se comprendre sont saluées et encouragées. 


Les Maisons de quartier, les centres sociaux, les Maisons des Jeunes et de la Culture, et autres Maisons citoyennes, les petites associations sportives, culturelles... sont des endroits de proximité et de solidarité où tout un chacun peut se rencontrer, se connaître hors des clivages habituels. Ce sont ces endroits qui permettent encore de maintenir une cohésion sociale de plus en plus précaire. Et au niveau national comme au niveau local, nos dirigeants ne cessent de louer les actions menées, l'abnégation et l'engagement des salariés, la plus-value sociale portée par les bénévoles... 


La ville de Romans, bénéficie jusqu'à ce jour d'un tissu associatif et culturel riche permettant de conserver une relative paix sociale, malgré les difficultés (un tiers des Romanais vit en dessous du seuil de pauvreté, la ville compte deux quartiers prioritaires). Le couvercle tient sur la cocotte-minute tant bien que mal.


Si ces associations n'ont pas la prétention de résoudre tous les problèmes, la proximité et la personnalité de chacune permet d'accueillir bien souvent des citoyens esseulés (jeunes en rupture, anciens délaissés, familles monoparentales...), combattant ainsi l'isolement et/ou la communautarisation par des actions appropriées, concertées et réfléchies avec les habitants. Des actions auprès des enfants, des jeunes, des familles, des anciens... qui participent à l'éducation populaire, à la tolérance, à la citoyenneté.


La diminution annoncée des subventions municipales de 40 à 60 % selon les structures et, par ricochet, la diminution de celles de la Caisse d'Allocations Familiales met en péril l'éducation populaire romanaise sous sa forme actuelle et va à l'encontre de toutes les belles paroles énoncées précédemment.


Alors ? Alors, avoir abandonné nos quartiers à eux-mêmes n'aura, dans quelques années, fait qu'augmenter le sentiment d'insécurité et d'isolement. L'urgence est ici et maintenant. Les politiques sécuritaires seules, à long terme, n'ont jamais porté leurs fruits. Comme la cavalerie, elles arrivent souvent après la bataille. Le principe de précaution et de prévention doit s'appliquer prioritairement à la sauvegarde de tout ce qui peut contribuer à la cohésion sociale. 


La nouvelle municipalité s’est prononcée sur ces choix budgétaires. Il leur faudra assumer pleinement cette politique de diminution des subventions municipales à l'éducation populaire et aux associations alors que tout le pays se mobilise. Il leur faudra assumer la préférence donnée à la voirie sur le soutien et la consolidation des établissements et associations existantes. Il leur faudra assumer de n'envisager, comme seule solution, qu'un arsenal répressif (surveillance vidéo, recours ponctuel aux CRS...) sans trop se préoccuper de prévention et de proximité. Il leur faudra assumer de se placer à contre-courant de l'élan national actuel concernant la défense des valeurs de la République.


Des citoyens inquiets et le collectif « Résiste »

Infos sur le Conseil municipal 26/01/15








INFO MUNICIPALE sur RomansMag.com ci dessous :

Sinon cliquez sur ce lien : http://www.romansmag.fr/articles/vie-municipale/le-budget-2015-est-votn-1301.htm




lundi 26 janvier 2015

Où on en est ??






 Les caricaturistes romanais 
vous expliquent la situation 
en quelques coups de crayon !

RESISTE !   

 

mercredi 14 janvier 2015

La liberté d expression en danger à Romans ?

 Témoignage d un citoyen
Vœux du maire et violence : jeudi 8 janvier 2014 
La liberté d'expression en danger à Romans ?
Quand je dis que la liberté d'expression est en danger à Romans, je sais de quoi je parle, car j'ai subi le soir des vœux du maire, jeudi 8 janvier 215,  des violences verbales et physiques inacceptables.
Les faits : Je suis venu, avec d'autres, en silence sur le parvis des droits de l'Homme, pour exprimer mon désaccord avec les choix de la nouvelle mairie de Romans :
    - sur la fermeture de la Maison de la Nature et de son parc, pour faire un lieu commercial de ce patrimoine collectif exceptionnel. Cette décision va priver les romanais de 500 m de quais de l'Isère.
    - sur la mise en péril des associations d'éducation populaire et des syndicats Romanais.
  Lorsque j'ai voulu entrer dans la salle des cordeliers, 4 policiers municipaux m'ont "accueilli" et m'ont demandé d'ouvrir mon sac. Ce que j'ai fais gentiment. Après quoi, ils ont décidé de m'interdire l'entrée de la salle sous prétexte que j'avais dans mon sac des documents A4 (des affiches liées à mon travail, sans aucun rapport avec la manifestation). J'ai protesté en disant que c'était des documents de travail et que de toute façon on ne peut empêcher quelqu'un d'entrer dans une salle publique, car il a sur lui des feuilles de papier A4.
Ils ont commencé à me pousser vers la sortie avec insistance. J'ai protesté en proposant d'appeler la police nationale, afin de voir si j'étais dans la légalité. Ils ont proposé de laisser mon sac à l'extérieur, ce que j'ai refusé, après avoir vu passé plusieurs responsables, le dernier m'a dit que je pouvais rentrer et il m'a demandé d'enlever mon gilet jaune, ce à quoi j'ai répondu que j'avais le droit de m'habiller comme je voulais.
Pourquoi tant d'hostilité et de tension pour simplement entrer écouter les vœux du maire, qui se veut un moment convivial et de rencontre entre les Romanais et leur maire ? Jamais dans l'histoire de Romans, on avait vu cela ! Je me suis dis, que c'était surement le premier effet positif de la politique de la nouvelle majorité ?
  J'ai pu enfin accéder à la salle et écouter les vœux du maire. Juste après son discours justifiant de sa politique face à la diminution des subventions aux associations, il y eu, comme on pouvait s'y attendre, des applaudissements et sifflements de personnes exprimant leur désaccord. Et ils sont très nombreux à Romans ! J'ai moi aussi sifflé cette décision, puis j'ai entendu à ma gauche une voix de jeune femme pleurer fortement, j'ai pensé que cette personne devait faire partie d'une association type MJC - Maison de quartier et était touchée au niveau émotionnelle par cette décision lourde de conséquence sur l'emploi.
  Puis, tout à coup...j'ai perçu un mouvement violent sur ma gauche, avec l'arrivée d'un coup de poing sur le côté de mon visage, j'ai eu à peine le temps de me retourner pour pousser le poing, qui continua sa route sur le côté de mon visage et atterri sur ma tempe !
  Etonné et sous le choc, je vis un jeune homme en furie, me disant " c'est à cause de gens comme toi qu'elle pleure " ou un truc comme cela. J'ai réagi en prenant le jeune par les épaules et je l'ai collé contre le mur, pour le neutraliser et surtout comprendre pourquoi il m'avait frappé. Il est important de dire pour moi, que je n'ai pas violenté cet homme, malgré son agression par surprise. Je suis, par essence, dans l'action non violente, et bien que j'ai pratiqué longtemps les arts martiaux, j'ai appris à ne jamais utiliser la violence et les techniques de combat sauf en cas de force majeur ( maitrise de soi au service de la vie).
  Ensuite, j'ai vu arriver 5 policiers municipaux, qui se sont rués sur moi. Je n'ai pas montré de résistance, j'ai juste imposé que l'on récupère mon sac à dos qui était parterre, puis je fus trainé comme un malpropre jusqu'à la sortie, par des policiers nerveux, et énervés contre moi, alors que c'est moi qui venais de me faire agresser. On me mis dehors manu militari, et mon agresseur a pu rester dans la salle, sans aucune confrontation de la situation.
On me dit qu'on aurait pas du me laisser entrer, ce à quoi je réponds : " je me fais taper dessus par un jeune sans raison et c'est moi qui suis coupable !"
  Je me retrouve donc jeter dehors, il y a là quelques amis, qui me demandent comment je vais, j'ai un peu de sang sur la tempe, l'agresseur devait avoir une bague, son poing en glissant aura éraflé ma tempe. Je suis là, sans comprendre pourquoi tant de violence de ce jeune et de la police municipale à mon égard. On me rapporte ensuite que la jeune fille qui a pleuré est la fille du maire et que mon agresseur est certainement son petit copain. Je comprends mieux la raison de ce jeune homme devant le désarroi de sa copine, qui est touchée parce qu'on siffle les propos de sa mère. Je suis bien désolée pour cette jeune fille et n'avait nullement l'intention de la blesser. J'exprimais simplement et librement mon désaccord, comme nombreux autres citoyens !
  Pour ma part, je repars tranquille chez moi, mais les retours des amis et de la presse dans les jours qui suivent, m'ont convaincu d'écrire ce témoignage, afin d'exprimer la violence de cette soirée. D'autres amis ont aussi subi des tensions durant cette drôle de soirée. Et également, pour clarifier que je ne suis pas l'agresseur, et que je ne suis pas dans la violence, mais simplement dans l'expression libre de mes valeurs d'humanisme, de solidarité, d'éco-citoyenneté. Ce qui me semble essentiel !
  J'ai senti et vécu la violence, ici à Romans dans une salle municipale, avec des employés municipaux transformés en une sorte de milice autour du maire, oubliant les gestes simples de courtoisie et bienveillance et leur service à la population. J'ai vécu l'intolérance d'un homme qui ne supporte pas la contradiction. La liberté d'expression est un droit fondamental en France, a-ton encore le droit de dire ce que l'on pense à Romans ? pour que cela ne se reproduise plus, je vais donc porter plainte, pour coups et blessures.
Et je demande une rencontre avec le maire de Romans, mon agresseur et des membres de la police municipale afin d'apaiser les malentendus et que cela ne se reproduise plus, car cultiver le bien vivre à Romans, c'est l'affaire de tous et la responsabilité du maire.
Patrice Floury, citoyen romanais et du monde

mardi 13 janvier 2015

Cérémonie des voeux 8 janvier "j'ai vu, j'ai pensé"


Je suis arrivé sur le parvis des droits de l’homme à 18heures. J’ai vu des personnes déjà présentes, j’ai vu les dessins et les unes de Charlie hebdo affichées sur les grilles, des bougies allumées, des phrases manuscrites sur des papiers pour manifester le soutien aux douze victimes. J’ai vu des gens parler de ce terrible 7 janvier, j’ai vu des personnes de confession musulmane attentive et qui avaient à cœur d’expliquer que tout ceci ne correspondait pas à leur religion. J’ai vu du respect, du calme et de la dignité.

Toute la journée, j’avais vu ces images violentes qui passent en boucle sur nos écrans. 
J’ai pensé à ces deux imbéciles  cagoulés, à leur violence, leur bêtise, leur irrespect de la vie, leur méconnaissance de leur religion. Comment peut on porter autant de haine ?

J’ai pensé à Cabu car comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai découvert ses dessins dés mon plus jeune âge dans le club Dorothée.  J’ai retrouvé ses caricatures plus tard, dans des magazines et bien sur, sur les unes de Charlie Hebdo.  Je m’en suis voulu de ne retenir que son nom et j’ai pensé aux 11 autres victimes. J’ai pensé à l’énergie qu’ils avaient déployés pour créer et entretenir leur propre forme d’expression.  J’ai pensé à leurs convictions et à leur courage.

J’ai vu le parvis des droits de l’homme se remplir, j’ai vu mes collègues avec des gilets jaunes qui n’avaient pas renoncé à se démarquer pour manifester notre mécontentement et notre désaccord face à certaines décisions de la Mairie. J’ai pensé que ce n’était pas le jour pour ce genre de manifestation, j’ai pensé dans un premier temps, ne pas enfiler mon gilet jaune et puis j’ai pensé à Mme le Maire qui avait maintenue une cérémonie de vœux dans ce climat tendu un jour de deuil national. J’ai vu des drapeaux non déployés portés par des représentants des syndicats  venus eux aussi dénoncer des décisions nos élus. 

J’ai apprécié cette détermination respectueuse et j’ai compris que tout le monde avait conscience que notre manifestation ne pouvait plus être celles que nous avions imaginée ; bruyante et festive. J’ai repensé à la détermination et au courage de Charlie Hebdo, j’ai assumé, j’ai enfilé mon gilet jaune.

J’ai vu les romanais entrer un par un (Vigipirate oblige) dans le théâtre des Cordeliers. J’ai vu  Mme le Maire et l’équipe municipale embrasser certains,  saluer d’autres.  J’ai vu des personnes décidées à ne pas pénétrer dans le bâtiment pour  ne pas participer à cette cérémonie.  J’ai parlé à des gens qui ont essayé de me convaincre de ne pas entrer.

J’ai pensé suivre leur conseil. J’ai pensé boycotter les vœux de Mme le Maire.  Mais comment pourrais je avoir  un avis personnel sur son discours s’il m’est rapporté par des gens qui ont la même sensibilité que la mienne ? Ce serait « doublement pas » objectif. 

Je suis courageux, je suis entré avec mon gilet jaune, je ne suis pas courageux, j’ai attendu que l’équipe municipale ait déserté le hall d’entrée pour ne pas avoir à les saluer.

J’ai vu une salle comble, une scène avec un pupitre, un piano ???? Elton John viendrait il nous faire le « Candel in the wind » ? J’ai vu en arrière plan de la scène le dernier dessin de Charb projeté en grand et en face, un buffet pour la restauration d’après vœux. Que de confusion !!!  J’ai vu trois amis qui eux aussi avaient gardé leur gilet. Je les ai rejoins au milieu de la foule. En passant au milieu de l’assemblée, j’ai vu des regards dédaigneux, j’ai entendu des moqueries, j’ai croisé une personne ayant refusé de se déplacer pour me laisser passer, j’ai contourné, j’ai encaisser, j’ai retrouvé mes trois amis, j’ai constaté que l’un d’eux était « touché » car il estimait avoir été agressé injustement par un policier car il portait ce fameux gilet symbole de résistance.

Dans un premier temps, j’en ai voulu à  ces gens et j’ai palpé ce que pouvait être la vie des personnes « différentes » dans une société normée. 
Cet échantillon à taille romanaise était suffisant.

J’ai vu entrer l’équipe municipale sur scène, j’ai vu la majorité de l’assistance applaudir, j’ai vu les gens placés au fond de la salle s’abstenir… J’ai pensé : Ouf ! Nous ne sommes pas seuls.  Ce sentiment peut paraître bien idiot mais pour moi, à cet instant, il a été réconfortant. Et puis j’ai vu cet homme s’approcher de nous. Son blouson marron, une cinquantaine d’année. Je l’ai entendu frapper fort dans ses mains pour manifester le soutien à Mme le Maire qui venait de faire son apparition sur scène. J’ai vu son sourire et ses regards en notre direction. 

J’ai pensé à son attitude, j’ai estimé qu’elle était provocante.  J’ai pensé à la mienne, silencieuse, mais également provocante. 

Ses armes de désaccord envers moi  étaient son regard et ses applaudissements démesurément exagérés. Mon arme de désaccord envers lui était… Mon gilet jaune.
Blouson marron/ Gilet jaune : Match nul (dans tous les sens du terme).

J’ai vu et entendu Mme le Maire commencer son discours en rendant hommage aux victimes de Charlie Hebdo. Je l’ai entendu citer le nom de chaque victime, j’ai apprécié qu’elle parle aussi  des autres salariés du journal, de l’agent d’entretien, du policier, de l’élu Clermontois.  Je n’ai pas compris quand elle est entrée plus intimement dans des détails concernant le sobriquet donné à un journaliste par sa grand-mère.  Peut être est elle proche de la famille ? En tout cas j’ai pensé que ce n’était pas par affection pour le journal car je n’imagine pas notre élue comme étant une fervente lectrice de Charlie Hebdo. L’hommage était fait et c’est finalement l’essentiel.

Ensuite, j’ai  vu et entendu  Mme le Maire commencer ses vœux par une confrontation. Sans round d’observation, elle a proclamé son courage et sa détermination envers une partie de la population romanaise en désaccord avec son projet. Ce jour là, juste après avoir rendu hommage à des résistants et juste après que tous les responsables politiques de tous les bords aient appelé à l’unité ! 

Face aux personnes acquises à sa cause et sous le regard médusé de mes collègues je l’ai entendu mentir sur des entrevues qu’elle aurait eues avec l’ensemble des responsables d’associations d’éducations populaires… « à six reprises ». Je fais parti d’une de ces structures, Je connais le contenu de ces rares entrevues si elle nous avait rencontré six fois, je l’aurais peut être vu au moins une… Je pense que ce n’est pas du dialogue, c’est une demande d’application de décision sans concertation. 

Je l’ai entendu manipuler les chiffres et  expliquer aux romanais qu’elle faisait preuve de courage. Je l’ai entendue parler de ce qu’elle n’avait pas, je ne l’ai pas entendu parler de ce qu’elle avait.  Moins 800 000€ de l’Etat pour son budget à 45 millions !
Simple réponse :
 Les Romanais connaissent le chiffre 800 000 (il est martelé par Mme le Maire) mais moins le chiffre 45 ! Elle n’a pas dit que sur ces 45 millions,  moins d’un million est destiné  au fonctionnement des structures  d’éducation populaire employant environ 70 personnes (Salariés et intervenants). Oui on parle de 70 emplois qui sont menacés.  Et je pense qu’on pourrait me traiter de menteur en disant qu’ils sont si nombreux et si menacés. Je suis élus dans le CA d’une structure employant  6 personnes, sans compter les intervenants (Une directrice, une comptable, 4 animatrices, et les intervenants des diverses activités) et avec les -40% de baisse confirmée par Mme le Maire pour ses « VŒUX »,  notre structure devra fermer dans 5 mois.  Venez au mois de Juin me traiter de menteur et je serai heureux de vous l’entendre dire. Cela signifiera qu’on a  préservé 6 emplois.  D’ici là, lors de notre prochain conseil d’administration, nous lancerons les procédures de licenciement. « Bonne Année à tous »

J’ai vu et compris que des romanais applaudissaient lorsque Mme le Maire disait « Je prends mes responsabilités, je fais des économies ». Etant donné le discours, il est vrai qu’elle représentait la force, la détermination le bon sens.

 Mais voilà, pour les gilets jaunes qui connaissent leur dossier, elle a représenté la politique qui fait que les citoyens n’y croient plus…  La manipulation, les secrets et le mensonge.

J’ai vu des personnes qui connaissent ces enjeux retenir leur colère face à ces propos ! Mais, j’ai entendu des gens ne pouvant se contenir, balancer un « houuu » et d’autres siffler brièvement. J’ai estimé qu’il y avait de la retenue dans ces manifestations mais j’aurais préféré que nous puissions rester silencieux malgré cette attaque.  Je me suis retenu, les collègues autour de moi également, il fallait rester digne et surtout ne pas tomber dans la provocation.  Notre combat pourrait continuer plus tard.

Dans cette confusion, entre applaudissements et huée, j’ai entendue la voix d’une femme qui hurlait. J’ai pensé qu’il s’agissait de quelqu’un ayant compris que la mort de l’éducation populaire venait d’être annoncée et que c’était insoutenable pour elle.  J’ai vu une altercation dans l’escalier, j’ai vu la police municipale intervenir, je l’ai vue attraper « un gilet jaune » et le trainer en dehors de la salle. Encore de la violence…  J’ai vu une équipe municipale ne pas broncher et ; était ce nerveux ou pour garder de la consistance, mais j’ai vu Mme le Maire regarder la scène  sans broncher elle non plus, et avec le sourire.  Le même sourire qui avait accueilli les manifestants lors de son dernier conseil municipal. C’est peut être une façon pour elle de se protéger, il n’empêche que pour la deuxième fois, ça m’a choqué. Il semblerait que ce soit un Romanais qui soit jeté dehors…

Une fois le calme revenu, j’ai décidé de changer de place car le regard et les commentaires de mon fameux « blouson marron » commençaient à réellement me déranger.  J’ai eu comme la sensation que cet endroit était un guet-apens.

J’ai vu madame le Maire reprendre son discours. Il était question de sécurité, caméra de surveillance, routes à double sens, Romanais, n’ayez plus peur, voyez comment  la police sait agir…
Mon manque d’objectivité m’a certainement empêché d’entendre des mots prônant les valeurs.  Des mots qui feraient que les gens n’aient pas « peur » de vivre ensemble.  
Mais pour moi,  les seules valeurs qui resteront de son discours sont : -40 et -800 000. Ses armes contre l’éducation populaire.

J’ai préféré quitter la salle… C’était trop…

En sortant, j’ai vu une jeune fille en pleurs, entourés par des personnes qui essayaient de lui apporter du réconfort.  J’ai pensé que c’était celle que j’avais entendu hurler dans la salle. Que d’émotions pour cette journée particulière. 

Dehors sur le parvis des droits de l’Homme, un groupe d’amis était là. Eux aussi réconfortaient un homme apparemment choqué et perdu… La trace de sang sur sa pommette m’a tout de suite fait comprendre qu’il s’agissait de la personne qui avait été expulsé de la salle suite à l’altercation. 

Il avait cru, comme moi, que les cris de cette jeune fille, résultaient de l’annonce de Madame le Maire.  Lui tout comme moi avions tout faux ! Cette jeune fille n’avait pas supporté les sifflets à l’encontre de Mme le Maire.

Le garçon accompagnant la demoiselle lui a alors décoché un coup de poing.  En lui disant, « c’est à cause de types comme toi qu’elle pleure ».

Ce qui m’a alors choqué, c’est lorsque les témoins de cette scène m’ont expliqué que l’agresseur était toujours à l’intérieur. Celui que les policiers avaient choisi de trainer dehors était donc l’agressé. Le gilet jaune, le fauteur de trouble, le résistant, celui qui ne pense pas pareil, l’étranger. Quant à lui il ne cessait de répéter :

« Je ne sais pas ce qu’il m’arrive, je ne suis pas violent, pourquoi ça m’est tombé dessus ? »

J’ai vu, peu de temps après, sortir un adolescent d’environ 17 ans. Il est en pleurs. Sa maman est derrière lui, elle le réconforte et nous dit :
« Pour lui c’est trop violent. Les paroles et les actes. » Ils portent tous les deux un gilet jaune…

Quelle journée.  Je pense qu’il est temps de s’en aller. Sur ce parvis des Droits de l’Homme nous ne pouvons plus rester. L’émotion est forte, les évènements se sont enchainés et la fatigue se fait sentir.
J’ai vu mon ami, que la police municipale a clairement ciblé comme fauteur de trouble et de l’ordre public. Lorsque je rentre pour le récupérer, il est en discussion avec le policier qui l’a suivi à la trace toute la soirée…  

 Il lui expose son mécontentement car il estime que cette « persécution » est provocante. Je pense que la discussion n’est pas possible, ni à cet instant ni avec cet interlocuteur et j’insiste auprès de mon collègue pour lui proposer de stopper le dialogue et de partir… Le policier nous accompagne jusquà la sortie, il a quand même le toupet de nous rétorquer… « Allez ! Bonne soirée ».  Il a refermé la porte derrière nous.  Nous sommes dehors… 
Désolé, nous n’avons pas été violents !

Le contraire aurait fait les affaires de qui ?

Alexandre Raia