Lettre ouverte aux Elus et Citoyens
La question du lien social est
redevenue centrale. Les faits récents qui ont touché notre pays ont rappelé
tant son importance que sa complexité face à l'isolement et au repli sur soi,
avec toutes les dérives que l'on connait.
Najat Vallaud-Belkacem, Ministre
de l'Éducation, l'annonce : « Je compte sur l'intervention de l'éducation
populaire dans les territoires les plus fragiles pour porter et transmettre les
valeurs de la République ». Et elle propose : « Les projets éducatifs
territoriaux (PEDT) auront désormais un volet laïcité et citoyenneté » (22
Janvier 2015). Ce volet sera financé par un fonds d'État de 10 millions d'euros
dédié, à destination des associations de jeunesse et d'éducation populaire. Par
ailleurs l'Association des Maires de France (AMF) et son président François
Baroin renchérissent : « L’AMF s’engage à prendre toute sa part dans la
mise en œuvre auprès des enfants et des jeunes des actions nécessaires au
respect des valeurs républicaines ». L’AMF a rappelé « le rôle qu’ont
les communes et les intercommunalités dans la prise en charge des enfants et
l’accompagnement des jeunes en complément des temps scolaires. » (15
Janvier 2015)
Il s'agit d'une cause nationale.
Toutes les actions, toutes les initiatives contribuant à resserrer ce lien
social, à faire que les générations, les confessions, les genres, se
rencontrent, se parlent, apprennent à se connaître et à se comprendre sont
saluées et encouragées.
Les Maisons de quartier, les
centres sociaux, les Maisons des Jeunes et de la Culture, et autres Maisons
citoyennes, les petites associations sportives, culturelles... sont des
endroits de proximité et de solidarité où tout un chacun peut se rencontrer, se
connaître hors des clivages habituels. Ce sont ces endroits qui permettent
encore de maintenir une cohésion sociale de plus en plus précaire. Et au niveau
national comme au niveau local, nos dirigeants ne cessent de louer les actions
menées, l'abnégation et l'engagement des salariés, la plus-value sociale portée
par les bénévoles...
La ville de Romans, bénéficie
jusqu'à ce jour d'un tissu associatif et culturel riche permettant de conserver
une relative paix sociale, malgré les difficultés (un tiers des Romanais vit en
dessous du seuil de pauvreté, la ville compte deux quartiers prioritaires). Le
couvercle tient sur la cocotte-minute tant bien que mal.
Si ces associations n'ont pas la
prétention de résoudre tous les problèmes, la proximité et la personnalité de
chacune permet d'accueillir bien souvent des citoyens esseulés (jeunes en
rupture, anciens délaissés, familles monoparentales...), combattant ainsi
l'isolement et/ou la communautarisation par des actions appropriées, concertées
et réfléchies avec les habitants. Des actions auprès des enfants, des jeunes,
des familles, des anciens... qui participent à l'éducation populaire, à la
tolérance, à la citoyenneté.
La diminution annoncée des
subventions municipales de 40 à 60 % selon les structures et, par ricochet, la
diminution de celles de la Caisse d'Allocations Familiales met en péril
l'éducation populaire romanaise sous sa forme actuelle et va à l'encontre de
toutes les belles paroles énoncées précédemment.
Alors ? Alors, avoir abandonné
nos quartiers à eux-mêmes n'aura, dans quelques années, fait qu'augmenter le
sentiment d'insécurité et d'isolement. L'urgence est ici et maintenant. Les
politiques sécuritaires seules, à long terme, n'ont jamais porté leurs fruits.
Comme la cavalerie, elles arrivent souvent après la bataille. Le principe de précaution
et de prévention doit s'appliquer prioritairement à la sauvegarde de tout ce
qui peut contribuer à la cohésion sociale.